Steelanol: état des lieu

Steelanol ethanol

ArcelorMittal Belgium travaille sur une feuille de route ambitieuse en matière de CO₂ afin d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050. L’usine Steelanol, qui convertit le CO des gaz de hauts fourneaux en éthanol, en est un élément clé. Bien que le projet soit technologiquement prometteur, la réglementation actuelle rend sa rentabilisation difficile. ArcelorMittal Belgium poursuit donc le dialogue avec les décideurs politiques aux niveaux flamand, belge et européen pour trouver des solutions.

Les ambitions climatiques d’ArcelorMittal Belgium

La feuille de route CO₂ d’ArcelorMittal Belgium repose sur trois piliers :

  1. L’amélioration de l’efficacité énergétique (éliminer les pertes d’énergie, maximiser la réutilisation de la chaleur perdue, continuer à développer les capacités en matière d’énergies renouvelables, etc.)
  2. Le projet Green Primary dontla circularité (augmentation de la consommation de déchets) et l’électrification constituent les premières priorités.
  3. Le développement de concepts Smart Carbon dans le cadre de l’économie circulaire, tels que le remplacement du carbone fossile par du carbone circulaire, la conversion des déchets de bois des parcs à conteneurs en biocharbon grâce à l’usine Torero, la conversion du CO de nos gaz en éthanol grâce à l’usine Steelanol et le stockage souterrain du CO₂.

La décarbonation : une histoire de « et-et »

ArcelorMittal Belgium est un terrain d’essai pour les nouvelles technologies. L’investissement le plus important à ce jour est l’usine Steelanol pour laquelle l’investissement s’élève à 215 millions d’euros. Nous sommes convaincus que nous devons combiner toutes les technologies pour réduire nos émissions de CO₂, car il n’existe pas de technologie unique permettant de ramener toutes les émissions de CO₂ à zéro.

L’Europe s’est fortement concentrée sur l’hydrogène vert ces dernières années, mais nous constatons que cela ne débouche pas sur de grands projets en raison du coût élevé de l’hydrogène vert et de la faible disponibilité de l’électricité verte. Il faudra de nombreuses années avant que l’hydrogène vert ne devienne économiquement viable.

Nous avons donc besoin d’alternatives, comme l’usine Steelanol.  La décision de construire cette usine a été prise par le groupe ArcelorMittal en 2017. Nous avons déjà produit de petits volumes d’éthanol, mais nous sommes actuellement encore en phase de démarrage. Toutes les parties prenantes travaillent d’arrache-pied pour résoudre les problèmes techniques, ce dont nous leur sommes très reconnaissants.

Des défis réglementaires

Les réglementations européennes constituent un autre défi. De nombreuses nouvelles réglementations ont été élaborées depuis la décision de 2017 et elles ne favorisent pas Steelanol.

Nous vendons de l’éthanol au secteur chimique (parfums, solvants, etc.) et au marché des carburants (mélange avec des carburants fossiles). Nous disposons du certificat de durabilité pour l’approvisionnement du secteur chimique depuis l’été 2024.  Ce n’est pas encore le cas pour l’approvisionnement du marché des carburants.

Le haut fourneau B utilise du charbon fossile et du biocharbon provenant de l’usine Torero.  Une partie du gaz du haut fourneau est traitée par Steelanol. Nous avons deux objectifs :

  1. La production de bioéthanol correspondant à la quantité de biocharbon que nous déployons dans le haut fourneau. Pour calculer la quantité de bioéthanol, l’Europe utilise la réglementation actuelle, publiée après la décision du groupe ArcelorMittal de construire l’usine Steelanol.  Avec la réglementation actuelle, nous n’obtenons que de très faibles pourcentages de bioéthanol, bien inférieurs aux estimations initiales.
  2. La production de combustible recyclé, correspondant à la quantité de charbon fossile dans le processus du haut fourneau. Pour que l’éthanol soit reconnu comme un combustible recyclé, il faut démontrer que l’empreinte CO2 de l’éthanol produit est inférieure d’au moins 70% à une référence fossile externe. Ce calcul doit prendre en compte l’électricité qui n’est plus produite (Steelanol convertit une partie du gaz en éthanol, gaz qui n’est plus disponible pour l’usine d’Engie). Comme Steelanol est raccordé au réseau électrique belge (dont l’empreinte carbone est actuellement encore assez élevée), nous n’atteignons pas cet objectif. Si Steelanol était connecté au réseau français, nous atteindrions l’objectif (faible empreinte CO₂ en raison des nombreuses centrales nucléaires).

ArcelorMittal Belgium s’attendait à ce que les économies de CO₂ réalisées grâce à Steelanol puissent être déduites des émissions totales de CO₂ de notre cluster. En vertu de la nouvelle réglementation, cela n’est possible que si le CO₂ est capturé pendant une très longue période (des siècles). L’utilisation dans les carburants n’est pas considérée comme suffisante, car ceux-ci sont brûlés et du CO₂ est toujours émis. Cependant, Steelanol réduit les émissions globales de CO₂ parce que notre éthanol remplace les combustibles fossiles.  Nous ne sommes pas non plus autorisés à déduire les émissions de CO₂ pour l’éthanol vendu au secteur chimique.

Les difficultés à faire reconnaître l’éthanol comme biocarburant (lors de l’utilisation de biocharbon dans le haut fourneau), comme combustible recyclé (lors de l’utilisation de charbon fossile dans le haut fourneau) et le fait que nous ne sommes pas autorisés à prendre en compte les économies de CO₂ de Steelanol font qu’il est très difficile de rentabiliser Steelanol, même s’il s’agit d’un projet très intéressant.

ArcelorMittal Belgium poursuivra le dialogue avec les décideurs politiques à différents niveaux (Europe, Belgique, Flandre) dans les mois à venir afin de trouver une solution.